Legend of the galactic Heroes

Une fois n’est pas coutume, parlons d’un surprenant dessin animé japonais (anime) découvert en décembre dernier : La légende des héros de la Galaxie !

Ce dessin animé fleuve (110 épisodes, 3 films, 2 séries de 28 et 24 épisodes) au nom assez pompeux date de 1988 à 1993 et se découpe en 3 arcs principaux : l’origine des héros, l’ascension des héros, une nouvelle ère galactique.

Ginga Eiyuu Densetsu

Critique de l’univers

La première chose qui frappe est que rapidement, nous nous rendons compte que l’univers futuriste (science-fiction) n’est ici qu’un prétexte pour nous raconter une grande épopée. Il s’agit d’un space-opera géant et extrêmement complexe.

1. Aspect politique :

Suite à l’exode des terriens, la galaxie s’est découpée en 3 factions humaines : un vaste empire, une alliance républicaine et démocratique, une gouvernement républicain non-démocratique.

Dès le départ, le constat est évident, les 3 systèmes sont terriblement décadents. L’empire se meurt sous le règne d’un empereur incompétent et d’une cour de nobles privilégiés. L’Alliance est corrompue jusqu’aux plus hautes sphères. Et l’État républicain utilise sa puissance économique pour tenter de diriger en sous-main les deux premiers.

L’anime ne prend aucun parti. Il ne cherche pas à sous-entendre qu’un régime est meilleur qu’un autre, seulement à soulever un ensemble de questions telles que :

  • Une démocratie est-elle vouée à s’enliser dans la corruption de ses élus ?
  • Une démocratie est-elle viable dans un territoire aussi vaste avec une population de plusieurs millions de milliards d’individus ?
  • Doit-on conférer la totalité des pouvoirs à une seule personne, fusse-t-elle la « meilleure » et la plus éclairée ? Et si oui, comment succéder à une telle personne ? Comment la sélectionner ?
  • Les citoyens veulent-ils réellement décider par eux-mêmes ou préfèrent-ils vivre sans se poser de questions ?
  • L’Humanité doit-elle subir des cycles d’ascension et de décadence ?

Sous couvert d’un dessin animé pour enfants, on retrouve une profondeur critique terrifiante.

2. Aspect militaire :

Les deux régimes sont en conflit depuis des centaines d’années sans aucune victoire décisive.

On nous présente quelques principes de stratégies et tactiques militaires : terre brûlée, guerre éclaire, guerre d’attrition / économique, configuration des troupes pour un meilleur impact, concept de sacrifice, etc.

Mais bien qu’omniprésent, l’aspect militaire sert surtout de couverture pour mettre en évidence les problématiques d’une guerre : enjeux sociaux, notion de résistance, enjeux économiques, enjeux politiques.

Que faire quand un territoire ennemi est conquis ? Comment intégrer sa population socialement et culturellement différente ? Des régimes diamétralement opposés sont-ils voués à se combattre ?

On y voit des parallèles évidents avec certaines grandes guerres (14-18, Guerre de Cent ans, Conquêtes d’Alexandre le Grand, etc.).

3. Aspect religieux (spirituel) :

La religion n’apparaît ici que sous deux formes : le culte de l’Empereur, la dérive du christianisme (devenue une secte terroriste). L’anime ne prend encore une fois aucun parti direct. Personne ne nous dira que les terroristes ont tort mais préfère poser la question du point de vue : « Qui est un terroriste pour qui ? ».

Le seul message transmis est qu’une religion n’a rien d’éternel et que la notion de Bien et de Mal ne dépend(rait) que de l’époque et de la culture.

4. Aspect économique :

L’aspect économique est ici simplifié : l’Alliance et la République utilisent un modèle capitaliste et libérale, tandis que l’Empire se base sur un système de classes et de privilèges (le modèle dictatorial donc).

Encore une fois, aucun parti pris. Le modèle capitaliste semble le seul en mesure de répondre rapidement à des besoins mais n’effacent pas les inégalités. Le modèle de classes sociales a le problème inverse : toute catégorie sociale aura des produits similaires (mais limités), mais sans égalité dans la répartition.

Critique des personnages

Les principaux protagonistes sont très travaillés avec concrètement deux héros pour chaque régime (soit 6 au total). Cependant ceux que l’on retient sont ceux de l’Empire et ceux l’Alliance.

Chacun dispose d’un aspect psychologique singulier : aucun n’est parfait, ils sont avant tout « humains ». Le spectateur est censé en trouver un qui le « représentera ». Cela a été mon cas et c’était du côté de l’Empire (!).

Les personnages secondaires sont si nombreux qu’on s’y perdrait presque. Heureusement, chacun aura son passage de « gloire » et certains disparaîtront aussi. Pour ceux qui aiment « Game of Throne » (Le Trône de Fer), c’est un peu la même chose : meurtre, complot, espionnage, amitié et fidélité.

Si l’amour est un peu présent dans l’anime, c’est surtout à un niveau « platonique ». Les relations existent mais servent surtout à mettre en avant la psychologie des personnages.

Verdict

Je craignais une série classique avec une équipe de héros stéréotypés et/ou au scénario aseptisé (combats de robots géants toujours plus puissants les uns que les autres).

Ce n’est assurément pas le cas. On se sent même parfois dépassé par toutes les informations et questions que l’anime tente de nous faire passer. La critique de l’époque contemporaine est d’ailleurs virulente pour un dessin animé datant de fin 1980.

Si le dessin est « ancienne école », il est pourtant suffisamment travailler et détailler pour que l’on reste accrocher. De toute façon, cela restera toujours meilleur que Dora l’exploratrice.

Pour la musique, point de groupes de « rock japonais » ou « d’expérience sonore futuriste », place au Classique et uniquement au Classique (!). Elles sont d’ailleurs très bien intégrées aux scènes et un mélomane reconnaîtra tous les morceaux sans problème.

C’est donc un coup de coeur pour moi (et qui mérite donc une longue critique ici !).

Legend of the Galactic Heroes / Ginga Eiyū Densetsu – First Opening

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