Le piano – et plus généralement les instruments de musique – offre d’inimaginables possibilités en terme de créativité et d’expression des sentiments.
Loin de là l’idée de vous faire un cours sur l’histoire de la musique (occidentale), des styles principaux, ou encore de ses grands musiciens (compositeurs comme interprètes), car il faudrait pour cela que j’en ai les compétences suffisantes. Ceci dit, je peux tout de même vous en présenter quelques attraits !
N’oubliez pas, la musique se « ressent » et se « vit » !
Qu’est-ce qu’une interprétation ?
Avant tout, il est déjà important de savoir ce que l’on entend par interprétation. Il vous est sans doute déjà arrivé d’écouter plusieurs fois une même musique. Exemple connue : La lettre à Élise de Mozart ou la Neuvième Symphonie de Beethoven.
Et vous avez pu le remarquer, cela ne « sonnait » pas toujours de la même façon. Parfois le tempo était plus rapide, parfois le toucher plus sensible. Et par conséquent, votre ressenti de la musique était différent : du rêve à l’ennui en passant par le plaisir.
Un musicien qui joue une pièce se doit d’être un interprète : il donne en effet vie à la musique en y faisant passer ses sentiments et ses émotions. Chaque personne étant différente, chacun interprétera donc différemment un même morceau. Comme disait mes professeurs de piano : « On ne récite pas un morceau, mais on la raconte ».
En définitive, il s’agit d’une histoire que le musicien fait vivre à ses auditeurs. Tel un conteur, plus il sera doué et plus il vous ensorcellera sans jamais vous ennuyer !
Reprenons l’exemple de la Lettre à Élise (Für Elise) composée par le célèbre Ludwig van Beethoven. Ce morceau est parfait parce qu’il s’agit justement d’un message, d’une histoire. Chaque partie du morceau est une requête suivie d’une réponse.
- « Veux-tu me rencontrer ? »
- « Montre-moi que tu le mérites… »
- (etc.)
Vous y trouverez une partie mélancolique et une autre féerique (l’espoir), et ainsi de suite. À vous de décider si l’histoire se finit bien ou mal (ou si justement, il n’y aura jamais de réponse !).
En voici une interprétation (la première trouvée sur Youtube) :
Note : Ici, nous ne jugeons pas de qualité technique ou artistique d’un musicien, mais bien de son interprétation. Qu’importe qu’il soit doué techniquement ou que son instrument soit de haute qualité s’il est incapable de vous faire ressentir la moindre émotion sincère.
L’interprète ci-dessus vous offre un bon ensemble des différents rythmiques et mélodies du morceau. Ce n’est pas parfait car le tempo est parfois un peu décalé mais le toucher est souvent juste. Vous n’avez donc pas l’impression d’écouter un morceau « robotisé ». Il y a une réelle interprétation de la part du musicien.
Ceci dit, son interprétation est très classique, dans le respect de la partition.
Interprétation académique ou non académique ?
Ah ah ! On en arrive à une question bien plus délicate. Un interprète peut-il sortir des sentiers balisés par le compositeur ? Car oui, un morceau est écrit sur une partition. Cette partition possède de nombreuses annotations sur comment « la jouer ». Alors sortir de ce chemin serait-il désagréable ?
Pour moi, non. Le point essentiel est de prendre du plaisir à la jouer tout comme à la faire raisonner à ses auditeurs. De plus, une musique n’est pas immuable car elle vit et dialogue avec son interprète. Et en respirant, elle se mue aussi en fonction des époques et des styles.
Voici un exemple frappant avec ce merveilleux morceau qu’est la Fantaisie Impromptu de Frédéric Chopin.
Interprétation dite « classique » : Le morceau est respecté quasiment à la lettre prêt avec une qualité technique magnifique, et ce, avec le sens de l’émotion exceptionnel retranscrit par cette interprète
Interprétation « libre » : Un style… bien différent ! Et pourtant, oui, il s’agit du même « morceau » ! La base est la-même : on y retrouve les mêmes sonorités, les mêmes enchaînements, arpèges ou accords.
L’interprète – en s’amusant d’un sourire éclatant avec le morceau – lui a donné une nouvelle vie et une histoire plus moderne et énergique. Le Jazz et le Ragtime en font par exemple partie. Le morceau n’est certes plus « originel » mais bien « inspiré ». Comme la réécriture d’une histoire : ce n’est pas du plagiat mais une nouvelle expérience.
Seul reproche que je lui ferais (tout en étant très relatif) : si la technique est excellente, c’est un peu brut côté émotions. J’ai parfois le sentiment qu’il « frappe » les notes. Cependant, compte-tenu de la difficulté du morceau, difficile de faire le… difficile ! 😉
Conclusion :
Comme vous pouvez le voir ; il n’y a pas de bonnes ou mauvaises interprétations. Tout dépend du message que l’interprète souhaite faire passer à travers le « texte » originel du compositeur.
Et si jamais, vous deviez considérer une interprétation comme « mauvaise », dite-vous qu’il est fort probable que le musicien est tout simplement en train de « réciter ». Il ne joue pas avec coeur et conviction, mais comme un automate sans vraiment ressentir la pièce.
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Le thème de départ ultra connu de la lettre à Élise semble avoir été « plagié » sur une Gavotte de Giuseppe-Antonio Brescianello (1690-1757).
Personnellement je trouve cette « petite gavotte » de Brescianello beaucoup moins « rasoir » que la « Lettre à Élise » et les autres « pom pom pom » du compositeur allemand!
http://www.youtube.com/watch?v=OfVtsv5pnZ8
Cesar Cesanjjaque